11 Mar Lait de jument. La nouvelle aventure de Laura et Olivier
Lait de jument, la nouvelle aventure de Laura et Olivier Le Télégramme
Laura, 30 ans, titulaire d’un bac littéraire, gestionnaire d’assurance dans une grande société quimpéroise pendant des années. Olivier, 30 ans, ambulancier durant 10 ans après son BTS électronique. Le couple, deux enfants, a fait le choix d’une reconversion radicale. Il se lance dans un projet unique en Bretagne : l’élevage de juments laitières à Briec, en sud-Finistère.
Ronan Larvor Le Télégramme Publié le 14 décembre 2017 à 17h00
« Mes parents arrivaient à l’âge de la retraite à la ferme familiale du Pénity (Briec) », raconte Olivier Briand. « Ils pensaient louer les terres et garder les bâtiments. Nous habitons depuis 2010 dans une des maisons. Avec Laura, nous avions envie de changer de vie. Nous nous sommes dit qu’il y avait quelque chose à faire à la ferme ». « Nous avons commencé à y réfléchir à l’été 2015 », poursuit Laura Salaün. « Nous ne voulions pas continuer avec les vaches laitières. La situation est trop compliquée ». Le couple effectue des recherches sur le net. Les chèvres, les moutons et, enfin un jour, les juments. Voilà l’idée !
Le trait breton, cheval emblématique de la région
Il y a un seul producteur de lait de jument en Bretagne, à Trégrom, dans les Côtes-d’Armor. Coup de fil aux Écuries de Pont-Even où l’élevage a été lancé en 2013 par un ancien entrepreneur du bâtiment à l’âge de la retraite. « Nous avons 75 et 71 ans, nous cherchons un repreneur », dit la propriétaire. « Je souhaite bien du courage à ceux qui se lancent ». À Briec, Olivier et Laura ont mûri leur projet. « Nous allons produire du lait de jument bio et nous avons choisi le trait breton, un cheval emblématique de la Bretagne ». Les parents d’Olivier voient la transition d’un bon œil. Ils ont d’ailleurs commencé début 2016 une conversion en bio de leur exploitation de 37 hectares. Les futurs exploitants doivent se former techniquement. Pas simple. « Nous n’avons pas de techniciens spécialisés dans ce type d’élevage », explique-t-on à la chambre d’agriculture. Il faudra se contenter d’un brevet professionnel pour la gestion d’une exploitation obtenu après une formation à Saint-Ségal (Finistère) d’octobre 2015 à juillet 2016.
C’est un milieu assez secret
Reste la partie technique. « Nous avons contacté le plus grand élevage français en Normandie », raconte Laura. « Ils nous ont fait comprendre qu’ils ne donnaient pas d’information. C’est un milieu assez secret ». Le couple se forme donc sur le terrain. « Le lait de jument est très fragile », continue Olivier. « Il ne se conserve pas longtemps et doit être transformé tout de suite ». Il faudra donc investir dans une chambre froide, des équipements.
Usage thérapeutique et cosmétique
Le lait de jument est le lait animal le plus proche du lait maternel avec de multiples vertus. Il est pauvre en gras et donc plus digeste que le lait de vache. En revanche, il ne permet pas de fabriquer de fromages ou de yaourts. Outre un usage alimentaire « thérapeutique », l’autre débouché sera la cosmétique. Aujourd’hui, le projet se concrétise. « Nous avons acheté 10 juments à un éleveur de Porspoder (nord-Finistère). Deux avaient été saillies. Il nous fallait nous faire la main après deux poulinages ». Pas simple, en effet, d’avoir les bonnes postures face à ces animaux massifs. La jument donne du lait tant que le poulain n’est pas sevré à l’âge de six mois. « Les deux premiers mois, on laisse tout au petit », prévient Laura. « Ensuite, on trait la jument. Nous avons commencé à la main sur les deux juments pour qu’elles comprennent en douceur. Il faut être patient et doux avec elles. Elles sont très sensibles et peuvent refuser de donner leur lait ».
Prêts pour l’été 2018
Test concluant. Les autres juments ont été montées naturellement à la ferme avec un étalon loué pour l’occasion. Les naissances sont prévues de février à avril. La production aura lieu deux mois après pour l’été. Le lait de consommation, les crèmes et savons seront ensuite écoulés dans les magasins bio, pharmacies et dans un magasin en construction à la ferme du Pénity. Le produit aura un prix car la production est limitée : deux à trois litres par jour par jument. Olivier et Laura n’en sont pas encore là.
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